1814

Une guerre avait éclaté en 1812 entre les États-Unis d’Amérique et la Grande-Bretagne; des mouvements de troupes britanniques étaient nécessaires pour apporter du soutien le long de la frontière et pour repousser les américains; dans ce contexte, beaucoup de militaires se déplaçaient le long du fleuve St-Laurent.

Des soldats du 81ème régiment de Sa Majesté se sont noyés en traversant le St-Maurice sur un bac, car il n’y avait pas de pont à cette époque permettant d’enjamber la rivière.

En 1830, les autorités décidèrent enfin de construire un pont sur pilotis.

L’urgence de pouvoir déplacer rapidement et en sécurité des troupes s’était estompée, mais la nécessité d’assurer des communications pratiques entre Québec et Montréal par la rive nord du fleuve était devenue incontournable; les besoins de relier efficacement la ville de Trois-Rivières et l’agglomération du Cap-de-la-Madeleine était devenus criants; des navires assuraient le transport des marchandises et des passagers, mais le chemin du Roy ne pouvait plus tolérer d’être coupé par des cours d’eau.

 

 

On octroya alors la somme de 75 livres à François Normand et 25 livres à Pétrus Noiseux, tous deux de Trois-Rivières, pour en dresser les plans et réaliser le projet.

Dans les “Statuts provinciaux du Bas-Canada” du 26 mars 1830, sous le règne du roi George IV, le “Très-Gracieux  Souverain” fut sollicité pour accorder la permission de construire un pont.

En 1832, le pont était érigé par François et Édouard Normand. Il était solidement ancré dans le lit de la rivière par des pilotis, comportait un tablier de gros madriers; le tout en bois, évidemment; des ferrures permettaient de relier ces éléments et de renforcer le tout; il faut croire que tout cela n’était pas suffisant pour résister aux embâcles qui se produisaient sur les cours d’eau, surtout quand des obstacles se dressaient…

…Car en 1836, le pont céda, emporté par les glaces et la violence du courant; les débris se sont dispersés à l’embouchure du Saint-Maurice et furent transportés plus loin par la débâcle printanière. Ils s’échouèrent sur le rivage de Saint-Pierre-les-Becquets, probablement à un ou deux kilomètres à l’ouest de l’église et suscitèrent bientôt la curiosité et la convoitise des gens de la région.

En  13 mars 1837, le notaire Antoine-Prosper Méthot de Saint-Pierre était avisé qu’il avait reçu le mandat d’annoncer à la porte de l’église la vente par encan des débris du pont un peu plus tard.

Noël Dion et Henry Neault qui habitaient au bord du fleuve dans le voisinage ont démantelé plusieurs structures pour faciliter leur transport et cela a nécessité plus de dix jours de travail; étant déjà sur place, ils ont acheté une bonne quantité de débris, poutres, madriers, pieux et fer.

Numidique Mailhot et Wilbrod Demers se sont portés acquéreurs de plusieurs centaines de livres de fer et de ferraille. Ils savaient probablement pouvoir les revendre avec profit.

 

 

Salomon Vézina et  Louis Olivier Mailhot furent témoins des transactions.

Le montant de la vente fut de 7 livres, 7 schillings et 7 pence; une fois déduites les dépenses du crieur d’encan, des témoins, des travaux de Dion et Neault, de l’annonce à l’église, de la longue correspondance du notaire Méthot avec les autorités, il resta au gouvernement la somme de 4 livres, 9 shillings et 10 pence.

Notons pour la petite histoire que le pont Duplessis construit entre 1946 et 1947 sur le Saint-Maurice s’est effondré en 1950.

 

 

Jocelyne Lafond et Alain Manset, SHGLB

Références :

Archives du Séminaire Saint-Joseph

Recensement de 1831 (archives Canada)

Greffe du notaire PA Méthot

Statuts provinciaux du Bas-Canada 1830

Les armées de la guerre de 1812, Olivier Millet