Des noms de famille de la région.

          Les   Fournier et les  Cloutier.

 

 

On utilise la plupart du temps les noms de famille sans penser à leur origine, à leur signification. Souvent un métier donnait son nom à celui qui le pratiquait.

Les Fournier

Le patronyme « Fournier » en est un bon exemple; tout le monde dans notre région connait les Fournier de Sainte-Sophie, mais sait-on qu’un fournier était, il y a longtemps, celui qui construisait, entretenait et faisait fonctionner le four à pain dans un village; il était plus pratique d’utiliser cet équipement à plusieurs plutôt qu’individuellement; une fois par semaine, parfois deux, il débutait un feu dans son four et quand la température était à point, il en sortait toutes les braises et enfournait les miches apportées par les ménagères du village; comment savoir si la température était atteinte? Le fournier utilisait un épi de blé qu’il introduisait dans le four; si les barbes prenaient en feu rapidement, la chaleur était trop intense; si les barbes roussissaient lentement, il était temps d’enfourner les miches pendant une bonne demi-heure. Aussi efficace qu’un thermomètre. Après la cuisson des pains, on pouvait profiter de la chaleur plus modérée pour cuisiner des fèves au lard.

 

 

 

 

Four à bois traditionnel (œuvre de Jean Légaré à St-Roch-des-Aulnaies)

 

 

Le fournier pouvait se faire payer en nature ou échanger ses services  avec les autres.

Évidemment une telle activité ne suffisait pas à faire vivre son homme et le fournier se devait d’exercer un autre métier pour pouvoir mettre du beurre sur son…pain!

Le boulanger quant à lui préparait la pâte et la faisait cuire. Mais ceci est une autre histoire.

Le premier Fournier du pays se nommait Guillaume, était né à Coulmer (Normandie) en 1619; son épouse était la petite-fille de Louis Hébert; plusieurs descendants habitent encore la région.

 

Les Cloutier

Le cloutier était celui qui fabriquait et vendait des clous; aujourd’hui, un clou est un objet sans grande valeur; on dit bien : « cela ne vaut pas un clou! ». Et pourtant, à une certaine époque, un clou était le résultat d’un travail assez difficile et minutieux. Le cloutier recevait d’une fonderie, comme les forges du St-Maurice, des lingots de fonte qu’il devait chauffer, découper en morceaux plus petits, marteler pour donner la forme voulue; en dernier, un trempage du clou brûlant dans un bain d’eau froide donnait sa dureté au métal; un à un les clous tombaient aux pieds de l’artisan et la production journalière était modeste; un clou s’utilisait plusieurs fois, se faisait redresser à petits coups de marteau pour lui donner une seconde vie; on ne gaspillait pas.

 

De nos jours, une machine transforme du fil de fer, livré en bobines, en clous à une cadence très rapide, pour un coût dérisoire.

Il était un temps où on utilisait des épines de cenellier (aubépine) comme petits clous; ces épines, très dures et de un ou deux pouces de long, pouvaient servir dans des ouvrages légers et avaient l’avantage de ne rien coûter; suite à de douloureuses expériences personnelles, je peux vous assurer que ces épines sont acérées et très résistantes.

Le premier Cloutier en Nouvelle-France se nommait Zacharie; il était né à St-Jean-de-Mortagne en 1590 et a pratiqué le métier de charpentier et a probablement utilisé des clous dans ses charpentes, en plus des joints à tenon, mortaise et chevilles.

 

Épines de cenellier

 

 

Alain Manset, SHGLB