Né en 1732 à St-Nicolas, baptisé sous le nom de Jean Demers, il est le fils de Louis Demers et de Thérèse Gagnon. C’est en 1757 qu’il fut ordonné prêtre Récollet sous le prénom de Louis.

C’est en effectuant les tâches normalement dévolues au clergé séculier qu’il laissera trace dans notre région. En pénurie d’effectif à la suite de la Conquête, l’évêque de Québec devra se tourner vers les ordres religieux pour trouver le personnel nécessaire à la desserte des paroisses. Ainsi, Louis sera d’abord curé de Bécancourt de 1764 à 1767 puis simultanément de Gentilly, St-Pierre-les-Becquets et St-Jean-Deschailons de 1767 à 1789, sauf de 1774 à 1779 en ce qui concerne Gentilly qui sera alors desservi par le curé de Bécancourt.

En plus de son ministère, il laissera sa marque dans la région, de nombreuses façons. Il a d’abord favorisé l’établissement de nombreux Demers, membres de sa famille étendue, dans la région. Puis, il sera aussi connu en tant qu’architecte d’édifices religieux. Ainsi, il se construira un vaste presbytère à St-Pierre dès avant 1770. À la même période, il conduira la construction de l’église de Ste-Anne-de-la-Pérade. Ensuite, ce qui sera la 1ère église de St-Édouard-de-Gentilly sera son œuvre. Un différent entre certains paroissiens et l’évêque de Québec, Mgr Briand, quant à sa localisation, en retarde toutefois la mise en chantier. L’évêque soupçonnait d’ailleurs le père Louis de nourrir les dissidents d’arguments en sous-main. Ce qui lui vaudra, la paix rétablie, le retrait de cette cure entre 1774 et 1779. Les travaux n’avançant guère sous la gouverne du curé de Bécancourt, il récupère cette cure et les travaux de l’église qu’il ne mènera à terme qu’en 1787.

Il est aussi à l’origine d’un moulin à scie et à bardeaux sur la rivière des Orignaux dans la 4 e concesssion de la seigneurie de St-Pierre. Afin, disait-il, que les habitants de celle-ci puissent doter d’un toit convenable leur humble cabane. Les archives paroissiales veulent qu’il y travaillait de ses propres mains. En 1786, il s’associe à DeSales Laterrière, un médecin dont la concubine est installée à St-Pierre, pour le conduire, le réparer et en construire un deuxième. L’association ne durera qu’un an se terminant par un procès. Après son départ de St-Pierre il cèdera le moulin à des membres de sa famille au début des années 1780.

En 1789, il sera nommé supérieur du monastère de son ordre à Montréal. De là, il assistera, impuissant à sa dissolution tant en hommes qu’en biens suite aux désirs du gouvernement britannique. Il en sera le dernier prêtre.

Actif et de caractère belliqueux, il aura maille à partir d’abord avec ses confrères religieux mais aussi avec Mgr Briand qui lui reproche souvent de dépasser les bornes. Très influencé par son frère de sang, le frère Alexis aussi récollet, avec qui il cohabite à Montréal, on a parfois l’impression en lisant leurs biographies qu’ils s’acharnaient l’un, l’autre à qui serait le plus malcommode.

En dépit de ce qui précède, il fut louangé, partout où il est passé pour son zèle et son dévouement auprès de ses paroissiens, des malades et des démunis. À Montréal, de 1792 à sa mort, il fut aumônier de l’état-major de la milice. Ses connaissances en médecine l’assistaient grandement dans son ministère auprès des malades. Cinquante ans après sa mort, on parlait encore de sa grande compassion et des miracles qu’accomplissaient ses onguents et ses emplâtres. Il meurt à Montréal le 2 septembre 1813.

Jacques Lefebvre
S.H.G.L.-B.