Romain Becquet est né vers 1637-1640 au Bec-de-Mortagne (Normandie); il était le fils du chirurgien Julien Becquet et d’Anne Vasse.
Il est arrivé en Nouvelle-France en 1661 avec certainement une bonne éducation et de grandes ambitions; on le retrouve en 1665 avec le titre de notaire, qu’il enjolivait avec le qualificatif « royal »; c’est plus impressionnant dans un C.V.! Il a été très actif dans la nouvelle colonie et ne rechignait pas au travail.
Il se maria en 1666 avec Romaine Boudet et celle-ci mit au monde l’année suivante un petit Jean-Baptiste qui ne vécut pas 24 heures. Elle le rejoignit en 1673.
C’était un bourreau de travail; rusé comme un normand, il avait tissé des liens étroits avec des personnages puissants, des communautés religieuses, s’était fait nommer à des postes importants; comme on dit aujourd’hui, il savait se placer les pieds. Il a cumulé les fonctions de notaire, greffier, recenseur, huissier, juge, procureur.
Il a tenu le premier « livre terrier » de l’île d’Orléans, une sorte de recensement des terres et de leurs propriétaires, un cadastre. Il a rédigé quantité de contrats de mariages, testaments, inventaires, ventes, concessions, baux; il a porté en justice des causes justes ou non, allant souvent jusqu’à payer des amendes ou subir la prison s’il manifestait avec insolence son désaccord avec le jugement final; il a participé à des procès criminels. L’étude de son œuvre est très intéressante car il a rédigé un grand nombre de contrats de mariage des familles souches du Québec et a enregistré une foule de concessions par les seigneurs aux premiers colons, sources précieuses de renseignements pour les historiens et les généalogistes.
Il était reconnu pour son franc-parler, n’hésitant pas à critiquer, insulter, intenter des procès pour des broutilles, irascible, procédurier, hargneux. Chicanier, il fut condamné à plusieurs reprises pour avoir insulté le Conseil Souverain et ses membres; il a traité de coquin et de fripon l’huissier Pierre Biron; il a dû payer des amendes et effectuer trois séjours en prison.
Il épousa Marie-Jeanne Pellerin en 1677, qui lui donna deux filles, Marie-Louise (1678) et Catherine-Angélique (1680); son décès survint en 1681. Il se retrouvait veuf pour une seconde fois et responsable de deux fillettes.
Signature de Romain Becquet
En raison de bons et loyaux services, il a reçu deux fiefs en 1672 et 1679, l’île Madame près de l’île d’Orléans, et la seigneurie St-Pierre, entre Deschaillons et Gentilly. On a longtemps cru que la seigneurie St-Pierre avait été concédée en 1672, mais il est maintenant établi que ce fut en 1679.
Il n’y mit jamais les pieds car les incursions hostiles des Iroquois et la présence de moustiques et autres bestioles était assez rebutante; les espoirs de gains à court terme étaient timides et de plus, le seigneur avait l’obligation de peupler ce territoire et de le mettre en valeur; je pense qu’il n’appréciait pas la vie à la campagne, préférant les pavés de la ville de Québec aux sentiers herbus de sa seigneurie; comme il n’a jamais rempli cette obligation, ces deux fiefs lui furent retirés en 1683, après son décès, faute de s’en être occupé (n’aurait fait aucun bâtiment ni défrichement… n’ayant point été habitée en aucune manière que ce soit…)
Il est décédé le 20 avril 1682 et a été inhumé dans le cimetière des pauvres de l’Hôtel-Dieu de Québec car Monseigneur de Laval lui avait refusé le privilège d’être inhumé dans la chapelle des Récollets comme il le souhaitait. Prudent et avisé, il avait vendu au notaire François Génaple son greffe quelques jours avant sa mort. Il laissait deux filles mineures…
Louise Mousseau, sa belle-mère et grand-mère de ses filles mineures allait veiller au grain!
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