LES ÉCRITS RESTENT
Permettez-moi aujourd’hui de déroger au projet habituel du « Fragment Historique ». Raconter notre histoire passée ne nous dispense pas d’établir l’actuelle n’est-ce-pas. Demain viendra, et tout se bousculera en un magma complexe, une sorte d’hydre à trois têtes : hier, aujourd’hui, demain!.
J’imaginais vos greniers remplis de souvenirs, de photos aux encadrements cartonnés ou en cartes postales, des carrés de zinc enchassés dans des albums minuscules, et dont vous ignorez absolument tout des personnages y –représentés : ou encore de ces trésors généalogiques empilés dans d’anciennes boites de tôle! Qu’en est-il donc de votre propre généalogie? Pourquoi ne pas vous concentrer sur une nomenclature adéquate de vos oncles, tantes, cousins, quitte à recourir à des « anciens » qui se feront un plaisir de vous guider. Il existe aussi de nombreuses associations de familles en amérique (au moins plus de deux cents…) lesquelles fournissent des trucs, des écrits, et ce de façon tout à fait bénévole et… enthousiaste.
Saint-Pierre-les-Becquets est une vieille paroisse dont on peut scruter les archives et bien des chercheurs sont venus de partout afin de parcourir notre histoire et de la perpétuer à travers leurs œuvres : M. Raymond Douville, bien connu du milieu, en a dévoilé bien des pans.
Le premier curé à avoir laissé quelqu’écrit (dans un carnet noir!) fut le curé Charles Z. Garceau. Il exerça son ministère pendant une trentaine d’années (1866-1898). On retrouve consigné dans ce carnet un recensement des paroissiens de 1873, avec enfants… Il y raconte une histoire plutôt allégorique de la construction de notre église (cheval blanc et cheval noir inclus). L’abbé Garceau était originaire de Pointe-du-Lac et avait fait ses études à Nicolet où l’abbé Ferland, d’illustre mémoire d’historien, avait pu fasciner à l’époque ce jeune étudiant Garceau.
C’est en consultant bon nombre de monographies paroissiales écrites par des maîtres, que j’appris à me méfier des on-dits, et à vérifier soigneusement en chassés-croisés auprès d’autres autorités certaines assertions jugées ou acceptées un peu trop d’emblée. On découvre que bien des églises ont été construites dans un climat chicanier entraînant un langage outré et biaisé par des histoires à dormir debout.
Il y eut aussi le curé Albert Chassé, autre curé à Saint-Pierre-les-Becquets (de 1940 à 1955), qui explora notre histoire et retraça dans les livres de la fabrique bien des détails pertinents qu’il publiait dans les journaux du temps : La Parole de Drummondville ainsi que la Presse. Chaque occasion lui était prétexte à raconter…
De même le curé J. Thibodeau, en 1967, aurait requis les compétences d’un archiviste de Nicolet, l’abbé J. Antoine Legendre, pour mettre de l’ordre dans nos archives presbytérales : cette nomenclature existe en un catalogue facile à consulter aux archives du Musée des Religions à Nicolet.
Il y eut encore M. et Mme J. Olivier Archambault, qui mirent sur fiches tous nos registres, puis colligèrent le tout en un épais volume. C’était en 1987, je crois. Voilà un outil fort utile à notre curé qui doit répondre à de nombreuses demandes…
LES ÉCRITS RESTENT dit-on. Ces écrits anodins qui deviennent « archives » ne pourraient-ils vous servir à remonter le cours de votre propre histoire familiale ou sociale. Et qu’est-ce donc qu’une « archive » ? C’est tout manuscrit, imprimé, journal, contrat ou document notarié relatant quelque action vous touchant. C’est donc une pièce tangible du passé, une séquence, un moment privilégié de vie. Voilà pourquoi elles sont un témoin irréfutable! Et si vous les agencez en un ordre chronologique, si vous scrutez tous les signes apparaissant sur ces morceaux : les signatures, les lieux, etc., c’est un travail de fin limier!
Toutes ces pièces deviennent la structure, le mobile parfaitement articulé de votre propre histoire, le squelette sur lequel viendra se greffer une chair aussi vivante, animée par des décennies, des siècles, dis-je, de vies conjuguées. L’ « A.D.N. » vigoureuse de vos propres ancêtres, de vos gènes. Une source intarissable qui poursuivra à travers vous, son cours, longtemps après….
Yolande Allaire-Roux
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