C’est la faute à Napoléon!
L’empereur Napoléon a imposé un blocus naval contre le Royaume-Uni, en 1806, pour
l’empêcher de commercer avec son empire européen; l’Angleterre fut ainsi incitée à se tourner vers le Canada pour s’approvisionner en bois de construction navale. Quelques années plus tard, Napoléon a été forcé d’abdiquer, et la marine britannique a dominé les mers du monde. L’Angleterre a eu besoin de nombreux navires, de guerre et de commerce, pour maintenir sa suprématie, ce qui nécessitait de grandes quantités de bois de qualité: du chêne pour les membrures, des pins blancs pour les mâts; les bordages sont de pin rouge, et la quille, en hêtre; certains bois étaient exclusivement réservés pour les vaisseaux de guerre.
Dans ce contexte, notre région a fourni de grandes quantités de bois d’œuvre, pour la marine et pour toutes les constructions découlant des activités économiques des Anglais, aussi bien au Canada qu’en Grande-Bretagne.
Plusieurs habitants de la seigneurie Lévrard-Becquet se sont adaptés aux nouvelles conditions du marché, et ont diversifié leurs activités habituelles. Plusieurs métiers vont alors se développer dans la région; certains deviendront commerçants en bois, d’autres vont abattre les grands fûts, les acheminer aux moulins à scie qui se construisent sur les rives de la rivière aux Orignaux, les débiter aux dimensions désirées. Durant le régime seigneurial, avant 1854, les seigneurs détenaient tous les droits sur l’utilisation des cours d’eau, donc des moulins et sur les coupes de bois des terres non concédées; des habitants pouvaient en exploiter, moyennant redevance, mais c’est après 1854 que les moulins à scie ont connu un essor plus important; il y a eu un certain nombre de moulins à scie en location le long de la rivière aux Orignaux, souvent pour des baux de 5 ans.
On peut suivre l’activité de ce marché par les nombreux contrats notariés de ce temps. Les négociants locaux sont les représentants de marchands de Québec; le plus actif de ces marchands locaux est peut-être Wilbrod Demers qui sert d’intermédiaire à James Gibb, Peter Patterson, Benson Bennet. On retrouve aussi des noms tel que Numédique Mailhot, Placide Chandonnet, Joseph Charland, et beaucoup d’autres qui ont su profiter de la demande importante en bois d’œuvre.
On peut lire ici un contrat, daté de 1830, entre Elizé Mailhot, et François Paris, qui « pour les prix cy après mentionnés a vendu et promet et s’oblige fournir, vendre et livrer au dit sieur Elizé Malhiote ou à son ordre dans le port de Québec de ce jour au premier du mois de juillette prochain sans plus de délait. » Comme on peut le constater, l’orthographe « au son » était déjà à la mode!
Aucun commentaire jusqu'à présent.