Cet été-là, à Sainte-Cécile-de-Lévrard, rien ne laissait présager que la fureur des éléments allait se déchaîner.

C’était un dimanche, le 19 août 1923 au milieu de l’après-midi; après la messe dominicale et un dîner réconfortant, les cécilois regardaient avec inquiétude une masse de nuages noirs qui bouchaient l’horizon à l’ouest; on souhaitait bien une bonne averse pour faire tomber la chaleur de cette fin d’été, mais on craignait toujours les orages; la foudre qui tombait sur une grange pleine de foin était redoutée. Le vent s’était levé, avec une force rarement vue; on voyait de loin les arbres s’agiter, se plier sous la force des éléments, des branches, des clôtures, des débris qui s’envolaient à des dizaines de pieds de hauteur, des toitures arrachées des maisons, des poteaux de téléphone couchés au sol et qui ont empêché les nouvelles de circuler; de nos jours, les réseaux sociaux seraient saturés de vidéos explicites en quelques minutes!

On a rapporté 32 maisons et autres bâtiments qui ont été détruits, et les dommages ont atteint les $100 000.00, somme considérable pour l’époque; en revanche, il n’y a eu aucun décès ni même de blessé à déplorer.

Parmi les plus atteints, on a signalé Ferdinand Cinq-Mars qui perdit sa maison et ses granges, son écurie, son étable; que lui restait-il? Henri Tousignant fut également très éprouvé. Plusieurs autres ont perdu une grange, un hangar, une étable, des récoltes.

Le gouvernement a été sollicité pour aider les sinistrés; la compagnie d’assurance mutuelle de Saint-Pierre-les-Becquets contribua à dédommager les victimes, mais l’entraide et les corvées organisées par le curé de la paroisse, Henri Denoncourt, ont fait le reste.

Plus au sud, à Warwick, et quelques municipalités voisines, la tornade a aussi causé de lourds dommages; Sainte-Cécile fut la plus éprouvée.

Si cette tornade avait frappé dans une région densément peuplée, elle aurait été qualifiée de catastrophique.

 

Alain Manset, SHGLB.